OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Nous sommes tous des cyborgs [2/2] http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-22/ http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-22/#comments Fri, 03 Jun 2011 15:30:26 +0000 Ariel Kyrou http://owni.fr/?p=65941 Seconde partie de “Nous sommes tous des cyborgs”, par Ariel Kyrou.

Le cyborg de Donna Haraway dans la cité de Keiichi Matsuda

« Les dichotomies qui opposent corps et esprit, organisme et machine, public et privé, nature et culture, hommes et femmes, primitifs et civilisés, sont toutes idéologiquement discutables », écrivait en 1985 Donna Haraway, qui ajoutait, déroulant sa pensée du monde des idées à l’anticipation de renversements de l’ordre bourgeois qui n’en étaient alors qu’à leurs prémisses :

La maison, le lieu de travail, le marché, l’arène publique, le corps lui-même : tout fait aujourd’hui l’objet de ces dispersions et connexions polymorphes presque infinies.

Vingt-cinq ans après ce manifeste visionnaire, Keiichi Matsuda prend acte de l’explosion des frontières entre le public et le privé, le bureau et la maison, l’extérieur et l’intérieur mais aussi l’organisme et la machine à l’aube du tsunami numérique. Là où Haraway en appelait au détournement du phénomène de « cyborguisation » du monde par « l’informatique de la domination » au profit de la capacité des femmes à se libérer des codes de production et de reproduction de la « domination masculine, raciste et capitaliste », Matsuda se l’approprie à des fins de bouleversement des codes du vivre ensemble urbain.

Le premier de ses dix principes de cités adaptées au « dernier modèle de cyborg, le CY-2010 », sonne de façon paradoxale. Il a pour titre « Déprogrammer ». Déprogrammer non pas les ordinateurs mais la mécanique des architectes et leur manie d’assigner tous les lieux à une identité, à une fonction précise et figée pour toujours. Car il s’agit, pour reprendre sa troisième règle, de « designer des espaces, et non des murs », afin de laisser nos yeux, nos oreilles voire tous nos sens et in fine notre esprit recomposer notre environnement de vie selon nos lubies par la grâce de l’augmentation de la réalité. Certes, il nous faudra toujours des toilettes bien définies comme telles. Mais pour le reste, selon le jeune designer et architecte, toutes les pièces de nos maisons et de nos entreprises pourraient être transformées à loisir et selon les moments en « salle à manger », « salle de conférence », « librairie », « boutique », ou pourquoi pas (mais ça il ne le dit pas) « chambre à coucher » avec par exemple canapés pliables et jeux de lumières différents.

Les lieux seront « liquides », s’adaptant en permanence grâce aux prodiges du virtuel à nos humeurs, entre le calme et la frénésie, à nos activités, seuls ou au contraire avec des collègues, notre compagnon ou nos enfants. Nous pourrons d’ailleurs décider nous-mêmes de transformer tel mur, telle affiche ou telle image de notre contexte immédiat au fur et à mesure de nos pas, via le re-façonnage du réel que permettraient nos lentilles, nos lunettes à transmuter ce que nous percevons… ou pourquoi pas notre implant Google !

« Le cyborg est un moi postmoderne individuel et collectif, qui a été démantelé et ré-assemblé. Le moi que doivent coder les féministes (( Donna Haraway, op. cit., page 572 )) », affirme Haraway. Matsuda se situe effectivement dans cette lignée constructiviste, mais avec une nuance : le code, pour lui, sert moins aux individus afin qu’ils se programment eux-mêmes qu’à la déprogrammation puis à la reprogrammation de l’environnement proche tel qu’ils le perçoivent.

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La féministe s’attaque au corps humain lui-même, mais elle ne le fait que par une puissante figure de rhétorique, d’une fiction permettant de décoder le réel et d’agir sur lui. Le designer, une génération plus tard, est à la fois plus modeste et plus ambitieux.

Il est plus modeste qu’elle, car le cœur de son anti-utopie, de son manifeste de jeux, d’événements multiples, de transformation et d’extension des espaces publics est de l’ordre de la perception. L’électronomade passe au prisme de ses désirs ou de ses besoins la réalité qu’il perçoit. Autrement dit : il vit une mutation du voir et du sentir, pilotée par ses soins, mais pas une mutation de sa chair pesante. Matsuda est à l’inverse plus ambitieux qu’Haraway, parce qu’il ne se contente pas d’un roman opérationnel, d’une fiction à même de changer le monde. Le codage, tel qu’il le met en scène dans ses films comme dans son texte, se concrétise via la danse des 0 et des 1 au cœur de notre vie réelle, même si elle ne signe que la préhistoire de notre devenir cyborg. Il s’inscrit dans une zone floue, une toute nouvelle couche de réalité ou d’e-réalité à l’intersection de l’intérieur et de l’extérieur de chacun, pleine d’informations, de décryptages, mais aussi potentiellement d’altérations de nos perceptions, donc de nous-mêmes, au-delà même de notre surface.

Déjà en 1985, Haraway affirmait :

Nos meilleures machines sont faites de soleil, toute légères et propres car elles ne sont que signaux, vagues électromagnétiques, sections du spectre. Elles sont éminemment portables, mobiles – un sujet d’immense douleur à Détroit et Singapour. Matériels et opaques, les gens sont loin de cette fluidité. Les cyborgs sont éther, quintessence. C’est justement leur ubiquité et leur invisibilité, qui font des cyborgs ces machines meurtrières. Difficiles à voir matériellement, ils échappent aussi au regard politique. Ils ont trait à la conscience – ou à sa simulation.

Vingt-cinq ans plus tard, c’est cette prémonition, cet éclair lumineux de la militante que Matsuda concrétise, mais de façon moins radicale voire plus ambiguë, car en prise directe avec l’exercice de son métier de designer et d’architecte. Donna Haraway frappe les esprits de ses lecteurs d’une vision de l’extérieur de leur monde, pour mieux les secouer avant qu’ils ne soient entièrement soumis à « l’informatique de la domination ». Elle en appelle à un détournement politique de ce biopouvoir à la puissance surmultipliée.

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Le jeune Keiichi Matsuda, qui vit entre Tokyo et Londres, ne peut se satisfaire d’un manifeste, aussi nécessaire soit-il. Car lui se trouve dans l’obligation de transiger avec son réel au quotidien. Il navigue à la fois au-dedans et au-dehors de cette informatique de la domination, elle-même très trouble. Il est tout autant acteur que critique de notre devenir cyborg. Face à l’absence de toute fin politique qu’incarne Arika Millikan et son implant Google, il met en scène les risques de l’éternelle manipulation par les marques et leurs logiques d’addiction, d’une vie « diminuée » et non « augmentée ». D’une manière forcément mutante et imprédictible, les songes scientifiques de Kline et Clynes d’il y a un demi-siècle et les rêves poético-politiques de Haraway il y a une génération prennent corps peu à peu. Matsuda en prend acte, et c’est pourquoi il tente de construire une « anti-utopie » post-situationniste, non seulement à penser mais à vivre hic & nunc par le CY-2010 et ses futurs modèles plus sophistiqués.

Machines humanoïdes ou corps mutants ?

Le manifeste « contre-nature » de Donna Haraway reste un point référence, plus impertinent que jamais à l’heure de la « réalité augmentée », de « l’Internet des objets », de la biogénétique, des nanotechnologies et des rêves de maîtrise scientiste qui les accompagnent. Sa clé réside dans l’incertitude même du devenir qu’il trace :

La politique du cyborg est la lutte pour le langage et la lutte contre la communication parfaite, contre le code unique qui traduit parfaitement chaque sens, dogme du phallocentrisme. C’est pourquoi la politique du cyborg insiste sur le bruit et préconise la pollution, jouissance des fusions illégitimes de l’être humain et de la machine (( Donna Haraway, op. cit., page 593 ))

Sur ce registre, les visions de techno-prophètes comme le roboticien Hans Moravec, contemporaines de son Manifeste cyborg, seraient son antithèse à l’inverse légitime : non pas la réinvention de la femme à partir d’un réencodage de ce que nous avons de plus fondamentalement humain, débarrassée du mythe du retour à l’origine, mais les retrouvailles de l’homme avec le Paradis perdu par la grâce de l’implant final ou, plus fou, du téléchargement de notre esprit dans la carcasse d’un robot, par exemple arborescent, à la « colossale intelligence », à la « coordination extraordinaire », à la « rapidité astronomique » et à « l’immense sensibilité à son environnement ». Soit un enjeu que Moravec résumait ainsi en 1988 :

Trouver un procédé qui permette de doter un individu de tous les avantages de la machine sans qu’il perde son identité personnelle. Beaucoup de gens ne vivent aujourd’hui que grâce à un arsenal croissant d’organes artificiels et autres pièces de rechange. Un jour, grâce en particulier aux progrès des techniques robotiques, ces pièces de rechange seront meilleures que les originaux. Alors, pourquoi ne pas tout remplacer – c’est-à-dire transplanter un cerveau humain dans un corps robotique à cet effet ? Cette solution nous libèrerait de l’essentiel de nos limitations physiques. Malheureusement, elle ne changerait rien à notre principal handicap, l’intelligence limitée du cerveau humain. Dans ce scénario, notre cerveau est transplanté hors du corps. Existe-t-il à l’inverse un moyen d’extirper notre esprit de notre cerveau ? ((Hans Moravec, Une vie après la vie (Odile jacob, 1992), pages 133-134. L’édition originale du livre a été publiée aux États-Unis chez Havard University Press sous le titre Mind Children : the Future of Robot and Human Intelligence en 1988))

Et le chercheur, très sérieusement, de répondre par la positive. Le Robocop en « downloading » du scientifique Moravec peut-il seulement être qualifié de cyborg ?

Omnipresence, 1993

Paradoxalement, en 1993, l’artiste ORLAN n’est-elle pas plus cyborg que lui quand elle engage son corps dans Omniprésence ? Lorsqu’elle joue littéralement sa peau pour une opération de chirurgie esthétique visant à transformer radicalement son visage par deux implants au niveau de ses tempes, elle clame et réclame son droit à une singularité absolue. Là où Moravec reste abstrait, idéologique, et ne met en jeu que sa réputation, elle transforme sa théorie en acte, au cœur du réel le plus tangible. Qu’on l’apprécie ou non, cette construction d’une réalité on ne peut plus charnelle creuse toute la différence. Aux dangereux délires du roboticien, de l’ordre de la pure spéculation sous sa carapace objectiviste, ORLAN répond par la subjectivité d’une monstrueuse beauté qu’elle met en forme devant le parterre de l’art et de la bonne société.

Eduardo Kac, Éloge de la singularité, 2002

« Ceci est mon corps…Ceci est mon logiciel… », raconte-t-elle au travers d’une autre de ses œuvres. Héritière de Donna Haraway, ORLAN est la Madone des Self-hybridations, selon le nom des mutations informatiques de son visage en multiples icônes précolombiennes, africaines et amérindiennes. Sur le registre du bio-art, que la Dame infiniment sculptée a effleuré récemment de son Manteau d’Arlequin, œuvre constituée d’un mariage de ses propres cellules avec celles d’animaux, il faudrait également citer Alba, lapine fluo car transgénique d’Eduardo Kac, qu’il a « commandée » et qu’il aurait lâchée au cœur du monde pour que chacun accepte sa réalité d’animal cyborg, si le labo ayant mené l’opération de transplantation d’un gène de méduse n’avait pas refusé l’indispensable mise en liberté de ce mutant.

Kac anticipe notre devenir cyborg selon sa facette la plus vitale : il érige en œuvres des organismes vivants qu’il transforme et manipule pour montrer – au sens propre – notre humanité future, composée d’êtres hybrides génétiquement ou électroniquement modifiés, mêlant les spécificités de l’homme, du végétal, de l’animal et de la machine.

Au risque de l’incompréhension voire du dérapage, ORLAN et Éduardo Kac choisissent leurs corps mutants contre les Super héros et les machines humanoïdes de « l’informatique de la domination ». Ils détournent à leurs propres fins les armes du pouvoir, et ainsi se mettent en danger. Ce qu’ils racontent, eux comme Keiichi Matsuda, c’est que l’hybridation, en elle-même, n’a pas la moindre valeur. Elle n’est qu’un procédé d’époque, qui se joue des ADN et des mariages des dieux et déesses du numérique. Il convient de s’en emparer, au-dedans comme surtout au-dehors des forces dominantes. L’enjeu est de ne pas laisser ce potentiel de l’hybridation tous azimuts entre les mains des instances de l’abrutissement généralisé. C’est ce que Keiichi Matsuda accomplit avec ses cités pour cyborgs de l’ère Internet, et ce qu’ont parfois réussi en pionniers ORLAN et Éduardo Kac.

Inscrivant leur devenir cyborg au présent, mettant en actes leur fiction de l’à-venir au-delà des mots, ils tissent une histoire vécue que peuvent s’approprier les gosses de l’ère du tout numérique et de la biogénétique. Pour qu’à leur tour, ils hybrident leur monde et pourquoi pas leur être, en toute singularité.


Retrouvez la première partie sur OWNI.

Illustrations: CC FLickR Derrick T., © Orlan, © Eduardo Kac


Article initialement publié dans le numéro 44 de la revue Multitudes, dans le cadre d’un dossier intitulé Hybrid’Actions

Également disponible sur le Cairn

Image de Une par Marion Kotlarski

Retrouvez les autres articles de notre dossier Cyborg:

- la première partie de “Nous sommes tous des Cyborgs”
- Quelle sorte de cyborg vous-voulez être, par Xavier Delaporte
- l’entretien avec Ariel Kyrou autour de son ouvrage Google God.

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http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-22/feed/ 8
Nous sommes tous des cyborgs [1/2] http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-12/ http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-12/#comments Fri, 03 Jun 2011 14:55:11 +0000 Ariel Kyrou http://owni.fr/?p=65934 En cinquante ans, de 1960 à 2010, l’utopie cyborg est devenue une vérité paradoxale de notre planète connectée. Son idéal d’hybridation de l’homme et de la machine s’incarne désormais dans le chevauchement permanent du réel et du virtuel comme dans la confusion de nos mondes intérieurs et extérieurs à la faveur du tout Internet et des promesses manipulatoires de la biogénétique. Hier figure purement spéculative, aujourd’hui fiction en actes, notre devenir cyborg se concrétise à des années lumières de la surface chromée des Robocop et autres Terminator de notre imaginaire collectif.

1960 – 1985 – 2010 : les trois premiers âges du cyborg

1960. Les Dupont et Dupond de la recherche américaine, Kline et Clynes, inventent le terme cyborg dans un article pour une revue scientifique : Astronautics. Plutôt que de tenter de répliquer, via la tenue du cosmonaute, notre environnement naturel, en l’occurrence l’atmosphère terrestre, ou bien de construire demain des bulles habitables au cœur de l’espace, ils défendent l’idée de transformer l’homme. De lui offrir de nouvelles capacités pour qu’il vive tout « naturellement » demain dans les univers extraterrestres aussi facilement qu’une daurade dans l’océan. Enfant de l’ère des drogues comme méthode rationnelle de mutation, de la guerre froide et de la course à l’exploration spatiale, le cyborg est donc moins l’équivalent des Cybermen de la série Dr Who (robots dont il ne subsiste de leur origine humanoïde qu’un cerveau dépourvu d’émotion), qu’un être humain de chair, de sang et d’os, augmenté par la science et la technologie.

1985. Une génération après Kline et Clynes, Donna Haraway publie son Manifeste Cyborg, texte cultissime sous-titré « Science, technologie et féminisme socialiste à la fin du XXe siècle ». Le cyborg, « organisme cybernétique, hybride de machine et de vivant », devient sous sa plume corrosive une création sociale et politique. Sculpture de soi par la grâce des bistouris de la technologie, il prend la figure d’une femme assumant son devenir monstre aux yeux de la société dominante, d’une créature fabriquée en un bel éclat de rire féministe, jubilant d’avoir décidé de perdre toute référence à la mère Nature ou au Paradis perdu. Ce cyborg-là est lui aussi un « post-humain » avant la lettre, être de rupture, construit selon les règles de l’utopie créatrice. Sauf que le cyborg de la cyberféministe a troqué l’objectivité de la science contre la subjectivité d’une poésie politique qui s’assume comme fiction pour mieux décoder puis changer notre rapport au monde et la société qui en est le fruit.

2010. Vingt-cinq ans plus tard, soit une génération de plus, un jeune designer, architecte et réalisateur de films, Keiichi Matsuda, conçoit « 10 règles des cités pour cyborgs ». Et là, pour la première fois, tandis que l’Internet devient le nouvel air de nos métropoles qui se muent en technopoles, l’on se dit : le cyborg n’est plus seulement un être utopique. Non qu’il ait perdu sa dimension fantasmatique, sa qualité d’incarnation d’un désir scientifique ou politique de fabrication de soi au-delà des codes de la morale, de la religion ou simplement des contraintes admises de notre corps. Mais, à lire le plaidoyer ou les interviews de Matsuda et de personnages qui ont grandi comme lui avec les jeux vidéo, le mobile et la toile, on se rend compte à quel point le nouvel Eldorado numérique, ses rêves en actes de réalité augmentée ou d’Internet des objets concrétisent la silhouette de ce cyborg. Qu’il s’agisse du mutant rationnel des deux chercheurs de 1960 ou de l’hybride vital et diabolique de Donna Haraway en 1985. Car Keiichi Matsuda et ses pairs du Net parlent au présent, et non au futur prophétique, de cet organisme cybernétique qui devient peu à peu le nôtre, de leur hybride à eux, fait de réel et de virtuel, de machine et de vivant.

« Je veux mon implant Google maintenant ! »

Arika Millikan est journaliste au magazine américain Wired, temple païen de notre monde connecté. À la toute fin de la décennie qui vient de s’achever, dans le cadre d’un blog proposant « 50 posts à propos des cyborgs » pour le cinquantième anniversaire de l’homme augmenté tel qu’imaginé en totale logique par Kline et Clynes, elle a écrit un texte dont le titre semble un poème à la gloire de notre post-humanité : « Je suis un cyborg et je veux dès maintenant mon implant Google ». Elle s’y met d’abord en scène dans une conférence sur le thème de ce que pourrait être Google en 2020. La voilà qui dialogue avec Hal Varian, « Chief Economist » au sein de la firme de Mountain View :

Hal : Aujourd’hui, vous associez Google à votre ordinateur, bien sûr. Mais aussi désormais à tout ce que vous pouvez faire avec Google sur votre mobile, c’est l’étape suivante. Et je crois – certains riront peut-être –, je pense qu’il y aura un jour un implant. Ce ne sera pas nécessairement un implant Google, mais plus largement un implant dédié au Web, vous permettant d’accéder à Internet par la simple pensée.
Arikia : Prévenez-moi dès qu’il sera prêt.
Hal : Vous voulez votre implant ?
Arikia : Je le veux tout de suite (rires).

Puis la discussion rebondit avec le ponte de Google au prénom prédestiné – Hal, merveilleux clin d’œil à l’ordinateur de 2001 L’Odyssée de l’espace, le film de Stanley Kubrick. Personne, du côté de la compagnie californienne, ne travaille effectivement sur le projet d’un implant, avec gros budget à la clef. Mais il y a des équipes, en revanche, qui phosphorent sur le principe d’une connexion permanente au réseau devant permettre aux données de s’inscrire sur le ou les verres de lunettes. L’implant, chez Google, on ne le fabrique pas encore, mais on y pense sans cesse. Et de fait, cette puce qui s’enficherait pas loin de notre ciboulot pour que la connexion devienne un sixième sens, est une évidence pour Arikia :

« J’ai eu mon premier ordinateur et ma première connexion Internet à huit ans, en 1994, explique-t-elle dans son article, mon esprit s’est construit et a appris à naviguer d’un même élan dans le monde physique et le monde en ligne (…).

Considérant la façon dont Internet a littéralement façonné mon cerveau, je pourrais d’ores et déjà me considérer comme un cyborg.

Et d’enfoncer le clou (virtuel) : « Aujourd’hui, je suis connectée en permanence au Web. Les rares exceptions à la règle me causent une anxiété atroce. Je travaille en ligne. Je joue en ligne. Je fais l’amour en ligne. Je dors avec mon smartphone au pied de mon lit, m’extirpant régulièrement de mon sommeil pour checker mes mails (j’appelle ça parfois le « dreamailing »). Mais je ne suis pas assez connectée. Je crève d’envie d’une existence où les batteries ne s’éteindraient jamais, avec des connexions sans fil qui jamais ne nous lâcheraient et où le temps entre poser une question et en obtenir la réponse serait proche de zéro. Si je pouvais être branchée sur le net 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, je le ferais et je pense que beaucoup de mes pairs internautes feraient de même… Alors, Hal, s’il te plaît, dépêche-toi avec ton implant Google, car nous sommes terriblement impatients. »

L’électronomade est un cyborg préhistorique

Le designer Keiichi Matsuda est de la même génération que la journaliste Arika Millikan. Pour lui comme pour elle, il n’y a pas débat quant au devenir cyborg de l’électronomade d’aujourd’hui, pour lequel la connexion continue au Web est comme une seconde « nature ».

Détail fort signifiant des deux vidéos de prospective qu’il a publiées sur YouTube en 2010 : c’est, sans smartphone ni casque de réalité augmentée, que les personnages de Domestic Robocop et d’Augmented City 3D naviguent dans une avalanche de signes, d’icônes, de boutons, de graphiques et de symboles numériques, qui seront notre nouvelle atmosphère, apparaissant à notre demande devant nos yeux au rythme de nos tribulations au cœur de l’environnement urbain.

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L’imaginaire qui s’esquisse ici est celui du cyborg de Kline et Clynes, en ce sens que les êtres humains qui évoluent dans Domestic Robocop et Augmented City 3D exercent d’étranges pouvoirs dans la cuisine ou la bibliothèque, la rue ou les transports en commun, sans pour autant porter d’armure techno, du moins en apparence. Autrement dit : les outils de « l’augmentation » de l’homme et de la femme ne sont pas perceptibles aux observateurs que nous sommes. En revanche, force est de constater deux nuances. La première, c’est l’identité de l’univers à découvrir, à explorer : il ne s’agit pas du paysage totalement inconnu de quelque galaxie lointaine, mais un monde urbain qui, a priori, nous serait plutôt familier, du moins dans son essence. La seconde différence tient à la qualité de la technique induite par le devenir cyborg : ni radiation savamment choisie ni capsules de drogues à ingurgiter régulièrement pour transformer peu à peu l’organisme, mais simples adjuvants numériques, pustules mécaniques branchées sur les paradis du Net, qui, à voir les deux films, s’ajouteraient de façon invisible ou presque à notre personne. Il y a là comme un hommage post mortem au pape du LSD et gourou psychédélique Timothy Leary, pour lequel les magies du nouveau monde numérique et leur capacité à altérer nos perceptions pourraient remplacer la sorcellerie des psychotropes « naturels » ou biochimiques.

De fait, en 2011, ce sont des appareils on ne peut plus visibles, Netbooks, tablettes tactiles et autres rutilants smartphones qui deviennent les extensions numériques de notre système nerveux. Mais ces terminaux et leurs interfaces appartiennent à l’âge préhistorique de notre hybridation de chair et de technologie, appelée à prendre une toute autre dimension lorsque Internet sera pour nous aussi « naturel » et accessible, de partout et tout le temps, que l’électricité.

L’étape d’après pourrait être ce prototype de lunettes de réalité augmentée mis au point par des ingénieurs japonais, le StarkHUD 2020, qui ressemble aux « lunettes en verres miroirs » de la littérature cyberpunk de la deuxième partie des années 1980. Ou des dispositifs comme le AR Walker du géant de la téléphonie nippone NTT Docomo, lui aussi à l’état de prototype : ne pesant qu’une dizaine de grammes, il se fixe sur n’importe quel type de monture. Une fois la mécanique lilliputienne activée, les informations s’affichent sur le verre droit des lunettes, évitant à l’utilisateur de regarder l’écran de son smartphone. Car ce smartphone, muni d’un navigateur GPS pour la géolocalisation et branché sur le net, est en quelque sorte le cerveau de l’AR Walker.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

D’autres, enfin, travaillent à des systèmes de projection laser directement sur la rétine de l’œil.

Quoi qu’il en soit de ces relais technologiques potentiels de l’immédiat à venir, l’horizon de la réalité augmentée et de cet Internet « everyware » qui en est le langage, semble sans équivoque celui qu’esquisse Keiichi Matsuda dans ses vidéos : toujours plus proche de la relation directe au cerveau de l’être humain, à la façon des « périphériques d’apprentissage électronique intégrés » (ou « papies ») et des « modules mimétiques enfichables » (ou « mamies ») de l’écrivain cyberpunk George Alec Effinger dans Gravité à la manque.

La “réalité augmentée” court-circuite notre peur du Golem

Le terme de « réalité augmentée » mérite qu’on s’y arrête. Se niche en son euphémisme comme une astuce de l’évolution techno-humaine. L’expression se concentre en effet sur l’augmentation non de l’homme mais de sa réalité – comme si notre réalité gangrenée de fictions pouvait être objective et comme si l’on pouvait agir sur notre environnement proche sans pour autant transformer notre être ! Opérant un focus sur le caractère extérieur de la mutation, cette expression de « réalité augmentée » court-circuite notre peur du Golem ou surtout du monstre du docteur Frankenstein, héritage séculaire de notre imaginaire judéo-chrétien.

Dans nos civilisations occidentales, la transformation de l’homme par l’homme, voire la fabrication du vivant sans besoin de Dieu, qui ferait donc de nous l’égal de la divinité créatrice, restent de l’ordre du tabou ou du moins de l’indicible. De l’inavouable. Prendre le scalpel pour nous « améliorer » n’est acceptable, selon les règles de notre ordre moral, qu’à des fins médicales : faute de mieux, pour sauver des vies… Dès lors, c’est en maquillant par le langage la vérité post-humaine du cyborg que des termes comme « réalité augmentée » voire « Internet des objets » la rendent acceptable, et permettent à l’humain de se sculpter lui-même et d’enrichir son être de prothèses machiniques sans la moindre justification humanitaire.

D’ailleurs les Japonais, à l’inverse des populations d’origine européenne, n’ont guère besoin de l’excuse médicale ou de l’artifice édulcorant des mots pour explorer à satiété les multiples avatars de l’augmentation de l’homme par la machine et les manipulations de la science. Leur culture, en effet, ne pose aucune différence de nature mais juste de degrés entre la pierre de silicium, la fleur, le robot et Superman, autrement dit entre la matière inerte, le végétal, l’animal et l’humanoïde plus ou moins sophistiqué. D’où la facilité avec laquelle un Keiichi Matsuda imagine les dix règles de son utopie réaliste de la cité pour les cyborgs que nous sommes, notre expérience quotidienne s’enrichissant dorénavant des multiples signes de nos réalités construites et médiatisées par la technologie. Car l’essence de cette hybridation dont nous sommes les cobayes consentants ne se joue ni purement et simplement dans le sens d’une réalité augmentée qui laisserait l’homme inchangé, ni dans celui d’un homme augmenté sans que son environnement ne soit transformé, mais à la fois dans l’un et l’autre sens, avec en perspective l’invisibilité, la transparence totale de l’appareillage artificiel associé à notre corps, que ce soit via des nanopuces RIFD9 sous la peau ou des modules à enficher près du cerveau.

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Article initialement publié dans le numéro 44 de la revue Multitudes, dans le cadre d’un dossier intitulé Hybrid’Actions

Également disponible sur le Cairn

Image de Une par Marion Kotlarski

Retrouvez les autres articles de notre dossier Cyborg:

- la deuxième partie de Nous sommes tous des Cyborgs
- Quelle sorte de cyborg vous-voulez être, par Xavier Delaporte
- l’entretien avec Ariel Kyrou autour de son ouvrage Google God.


]]> http://owni.fr/2011/06/03/nous-sommes-tous-des-cyborgs-12/feed/ 14 Vers des objets open-source http://owni.fr/2010/08/20/vers-des-objets-open-source/ http://owni.fr/2010/08/20/vers-des-objets-open-source/#comments Fri, 20 Aug 2010 13:35:19 +0000 Olivier "Babozor" Chambon http://owni.fr/?p=25048 Depuis quelques mois maintenant se joue une guerre passionnante (à plus d’un titre), qui risque bien de révolutionner le monde de l’électronique et de l’informatique tel que nous le connaissons aujourd’hui, avec l’avènement d’un mouvement qui sera difficilement stoppé, celui de l’OpenSource Hardware (ou Matériel OpenSource, que nous résumerons par HSW).

Les exemples sont nombreux : prenez l’iPad ou le nouvel iPhone, avec un écran tactile multi-touch vraiment précis ou une batterie qui font rougir nos ordinateurs portables avec une longévité de plus de 8 heures (contre 2-3 maximum pour les autres batteries)… Ajoutez à cela un design bien pensé et des processus industriels maîtrisés et vous avez un véritable bijou technologique à la portée de (presque) tous.

Tout cela est très bien à une seule exception près, ces merveilleux gadgets sont tous “bloqués” aussi bien au niveau logiciel que matériel. Aucune possibilité de modifier ne serait-ce le code source des logiciels qui le pilotent, que de modifier, bidouiller le matériel que vous avez acheté.

Il y a peu, une cour de justice américaine a légalisé le fait de “jailbreaker” votre iPhone (de passer outre la restriction logicielle), mais avec le risque de se voir annuler la garantie par Apple.

Reprendre la main sur la technologie

Faites un tour de votre chez-vous et comptez le nombre d’appareils électroniques qui le truffent, des appareils de plus en plus sophistiqués, que ce soit votre téléphone (de plus en plus smart et qui sert de moins en moins à téléphoner), vos ordinateurs (portables ou non, avec différentes capacités, différents systèmes d’exploitations disponibles), votre télévision (dont l’arrière avec ses nombreux branchements ressemble de plus en plus à une navette spatiale), votre frigo (qui régule tout seul la température, la consommation optimale d’énergie et vous indique l’heure), votre lave linge (qui calcule automatiquement le poids de votre linge et le cycle le plus adapté)… etc.

Tous ces appareils sont des ordinateurs en puissance déportés et ils vous envahissent de plus en plus. Rien de mal à cela, puisque pour la plupart ils nous aident dans nos corvées quotidiennes… Nous sommes donc entourés par les nouvelles technologies, qui nous aident et nous permettent de faire plein de choses.

Seul problème: la plupart des gens sont perdus, voir noyés sous cette débauche de technologie. Mes parents étaient déjà largués quand il fallait programmer un magnétoscope, aujourd’hui brancher une télévision, ou réparer un frigo ressemble plus à une galère qu’à une réelle avancée technologique, un peu comme le changement dans les voitures il y a de cela quelques années. Je me souviens de mon père et de sa Renault 12 blanche, un vieux tacot, avec dans le coffre un chiffon, un marteau, un tournevis et une pince bécro… C’était le matériel nécessaire pour réparer 80% des pannes usuelles. Aujourd’hui ouvrez votre capot et vous vous trouverez bien embêté de réparer ça, puisque sans la mallette électronique de diagnostic, impossible d’initier la moindre réparation (à part changer l’huile et encore) sans passer par le garagiste agréé.

Je ne dis pas qu’il faut revenir aux technologies du Moyen Âge, revenir au feu de bois et au cellier, mais que pour pouvoir se libérer de la technologie il faut une technologie accessible, pas spécialement simple, mais accessible et c’est là tout le sens du combat de l’OpenSource Hardware.

Définition et utilité

De ces quelques remarques est né un mouvement semblable à celui du monde du logiciel, mais qui s’applique à tout le matériel qui nous entoure (et spécifiquement à l’électronique) en reprenant le système qui a fait ses preuves d’OpenSource.

Toutes les personnes dans ce mouvement répondent à quelques règles simples:

— Tous les fichiers de conception du matériel sont en libre accès à tous, distribuables, modifiables à volonté.

— Ces fichiers sont accessibles à tous sans discrimination ni échange monétaire.

— Vous êtes libre de fabriquer, distribuer, vendre, modifier le matériel du moment que vous citez sa source.

Le but est de libérer complètement le matériel et offrir la possibilité à tous de pouvoir se fabriquer (ou faire fabriquer) n’importe quel matériel, de pouvoir modifier, améliorer, adapter le matériel déjà disponible.

Soyons clair : l’innovation, la vraie, se fait dans les garages ou sur le bord d’un coin de table (je ne parle pas de la recherche fondamentale mais de l’innovation) puisque le plus souvent le but est de répondre à un problème simple, par une solution plus ou moins simple.

Aujourd’hui si vous voulez modifier ou améliorer un produit, vous pouvez le faire dans un contexte privé avec deux limitations : votre garantie est foutue et vous ne pouvez pas distribuer ou vendre votre trouvaille. Le but donc de l’OpenSource Hardware est double : redonner la main aux gens sur la technologie et booster l’innovation via les milliers de geeks qui peuplent le web, travailler sur la collaboration, l’intelligence collective plus que sur la concurrence et la guerre commerciale nourrie de brevets.

C’est certes pour l’instant encore un peu obscur et réservé à une minorités de technophiles (comme pouvait l’être Linux il y a encore une dizaines d’années) mais le mouvement prend de l’ampleur.

Deux exemples: le RepRap et l’Arduino

Le premier exemple est un appareil un peu étrange, un projet initié par un professeur de l’université de Bath en Angleterre : une imprimante 3D auto-réplicatrice. Le RepRap est une imprimante 3D qui vous permet d’imprimer via des couches successives de plastique fondues un objet : une tasse, un porte-manteau, une salière… Vous construisez votre objet sur un logiciel 3D et comme pour le papier, vous lancez votre impression et quelques minutes ou heures plus tard vous avez votre objet.

Le matériau utilisé est du filament ABS principalement (le plastique utilisé pour les briques de Lego, particulièrement dur et résistant, mais ils utilisent aussi d’autres plastiques, ainsi que des plastiques végétaux, comme le PLA), mais surtout la machine peut imprimer la moitié de ses propres pièces (toutes les pièces plastiques en fait) pour permettre à une autre personne de se construire à son tour sa propre imprimante 3D.

Nous n’en sommes pas encore au stade ou ma mère va imprimer son assiette ou son pot de fleur, ce système étant pour l’instant assez compliqué (même moi, bien que fasciné par le projet, j’avoue que j’ai du mal) et nécessitant un niveau technique élevé. Mais la troisième version de cette imprimante 3D est en cours de développement (de façon collective et collaborative) avec un prix de 350 euros environ (contre 15 000 pour un produit commercial) et surtout avec en point de mire le recyclage parfait : pouvoir utiliser les plastiques que vous récupérez tous les jours pour créer de nouveaux objets.

Le deuxième exemple est tout aussi technique mais beaucoup plus accessible. Arduino est une plaque électronique très simple qui vous permet de connecter plus ou moins n’importe quoi (des capteurs, des boutons, des relais, des moteurs, etc.) en entrée et en sortie et de tout contrôler via un langage de programmation très simple.

Vous pouvez ainsi sans trop d’effort faire un système lumineux qui vous prévient de l’arrivée d’un e-mail (via une diode et un EthernetShield, une plaque pour vous connecter au réseau), rajoutez un capteur d’humidité et votre plante verte vous twitte quand elle a besoin d’eau… Les applications sont virtuellement illimitées, avec une communauté très active et un prix d’entrée à 25 euros, ce qui la rend très abordable.

Comme on le voit, aujourd’hui ce sont des dispositifs encore limités (tout le monde n’a pas besoin d’une imprimante 3D ou d’être prévenu via Twitter quand sa plante à soif, encore que…) et qui demandent une certaine technicité pour être réalisés, mais tous les jours de nouveaux projets se lancent dans des domaines toujours plus divers les uns que les autres et se rapprochant de plus en plus de nos besoins.

Un business qui marche

J’entends déjà vos cris: “Ouais des trucs qui servent pas à grand chose, et puis tu te fera jamais de fric avec ça…” et là vous vous trompez.

Vu que les design des différents appareils sont disponibles pour tous, rien n’empêche à une grosse firme chinoise de les prendre, de les fabriquer et de les vendre et cela ne pose aucun problème, et ce pour deux raisons :

— Le but de l’OpenSource Hardware comme pour le logiciel est d’être distribué au plus grand nombre pour leur permettre de profiter des avancées technologiques ou des innovations (et aussi la possibilité de les modifier, bidouiller et de re-distribuer le nouveau design amélioré)

— On oublie le principe de communauté, très fort ici, et qui fonctionne très bien. Si vous savez (puisque c’est dans la licence) que cet appareil est fait par machin, et que vous pouvez l’acheter à différents endroits, il y a de grandes chances que vous alliez l’acheter directement chez le concepteur, plutôt que chez un obscur distributeur que vous ne connaissez pas.

Aujourd’hui il y a 13 distributeurs d’OpenSource Hardware aux États-Unis qui font un chiffre d’affaire supérieur à un million de dollar (ce qui est loin d’être négligeable, voir cette présentation de LadyAda de AdaFruitIndustries) ce qui valide sans problème que ce business model est viable, un business model équitable, qui démontre que donner gratuitement et vendre ne sont pas incompatibles.

Pour exemple en France, Hackable Device vend tout un tas de produits bidouillables et libres, des ordinateurs libres (dépourvus complètement de brevets, que ce soit pour le matériel, les drivers ou les logiciels), de l’Arduino, au premier téléphone libre, en passant par le TV-B-Gone (une télécommande universelle pour éteindre toutes les télés) et plein d’autres trucs…

Cela reste aujourd’hui encore au stade embryonnaire, adopté par quelques fadas dans mon genre, mais les avancées sont significatives et surtout cela montre qu’un autre mode de conception (collective et intelligente), de fabrication (où les usines sont là pour fabriquer et non pour nous emprisonner) et de vente (respectueux du concepteur, sans brider la vente à une seule entreprise) est possible.

Cela laisse aussi présager pour les années à venir, des projets passionnants qui verront le jour et qui je l’espère envahiront peu à peu nos salons. Cela nous permettra surtout de nous rapprocher de tous ces objets, des gadgets électroniques qui aujourd’hui font plus artéfacts (qu’on ne touche qu’avec attention et précaution) qu’outils.

Reprendre la main sur la technologie n’est jamais une mauvaise chose, le faire de façon collaborative et éthique,c’est encore mieux.

Notes

- Vous pouvez aller voir les articles de Adafruit sur l’OpenSourceHardware : http://www.adafruit.com/blog/category/opensourcehardware/ (qui est à la pointe en matière d’OpenSource Hardware)

- Ou encore les drafts de définitions de l’OpenSource Hardware : http://freedomdefined.org/OSHW

- Voir sa tentative de traduction sur LaGrotteDuBarbu : http://www.lagrottedubarbu.com/2010/07/14/open-source-hardware-oshw-ebauche-de-definition-traduction/

- Voir la définition sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Open-source_hardware

- Le projet RepRap : http://reprap.org/wiki/Main_Page

- Le projet Arduino : http://www.arduino.cc/

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Olivier Chambon, plus connu sous son pseudonyme Babozor, sévit dans la Grotte du barbu, mais cet article a été initialement publié sur Minorités, sous le titre “iPad contre Anduino, la révolution du matériel open-source“.

Crédits Photo CC Flickr : Leo Reynolds, Zoomar, Eric Gjerde.

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La mutation androïde de Google (1/2) http://owni.fr/2010/07/05/la-mutation-androide-de-google-12/ http://owni.fr/2010/07/05/la-mutation-androide-de-google-12/#comments Mon, 05 Jul 2010 15:40:19 +0000 Ariel Kyrou http://owni.fr/?p=8197 Cette analyse, initialement publiée sur Multitudes (et dans le numéro du mois de juin 2009), de l’imaginaire qui sous-tend les actions de Google, et de ses possibles, reste tout à fait pertinente.  Nous avons choisi de mettre à nouveau cet article en avant, à nouveau en deux fois, pour vous laisser le temps de le savourer.

Titre original :

La mutation androïde de Google :

radiographie d’un imaginaire en actes

En juin 2009 s’ouvre à Sunnyvale, dans la Silicon Valley, le premier programme universitaire officiellement sponsorisé par Google : la « Singularity University ». Le sésame de ces neuf semaines d’intense et d’inédite cogitation multidisciplinaire, se tenant comme un symbole à deux pas du Googleplex de Mountain View, est le concept futuriste de « singularité », inventé par l’un des plus fameux ingénieurs et techno-prophètes de ce qu’on appelle le « transhumanisme » : Ray Kurzweil. Le dogme à partir duquel l’auteur du livre Humanité 2.0 a élaboré cette théorie a de quoi donner le vertige, à qui connaît l’ambition de Google, répétée tel un mantra, d’organiser toute l’information de l’univers [1], de devenir le relais universel de notre quête de données, et ce quels qu’en soient nos supports numériques.

Son hypothèse de départ est que l’essence de la vie tient moins au carbone, à l’oxygène ou à l’eau qu’aux modes d’organisation les plus sophistiqués de la matière. Autrement dit : de l’ADN aux protéines, de l’amibe aux robots humanoïdes, qu’il nous annonce pour un futur proche, la vie repose uniquement sur l’information. Google se veut donc le premier convoyeur de ce qu’il tient comme le carburant vital de l’humanité : l’information.

Et pour cause : cette information aux airs de divinité athée aurait trouvé dans le langage numérique sa forme idéale, et surtout la plus opérationnelle, afin de nous permettre d’accomplir notre destinée « post-humaine ». D’après Ray Kurzweil, en effet, « chaque forme de connaissance humaine ou d’expression artistique peut être exprimée comme une information digitale ». Mieux : l’intelligence elle-même ne serait que du calcul. De la manipulation de données. Jusqu’aux procédés (analogiques) des hormones et neurotransmetteurs du cerveau qui peuvent, selon le gourou de la « Singularity University » financée par Google, être simulés en mode binaire par de simples algorithmes [2], tel le PageRank du moteur de recherche.

Car c’est bien là, dans ce réductionnisme propice aux ambitions les plus démiurgiques, que s’agite l’imaginaire conscient ou inconscient de la firme de Mountain View.

De la technique, des usages et de l’imaginaire de Google

Au-delà de l’étude de sa gestion interne et de ses mécanismes de profit, l’un des modes d’analyse les plus intéressants du discours et de la culture d’une entreprise surtout digitale, est de la situer au cœur d’un triangle dynamique dont les trois sommets sont sa technique, les usages de ses productions et son imaginaire.

Google présente sa technologie comme « neutre » et « démocratique », en un mariage très américain de bonne foi et de propagande. Ses robots de « Crawling » mettent un mois à parcourir les zones les plus peuplées des océans du Web. Le plus célèbre de ses logiciels, PageRank, est décrit par ses sbires comme « un champion de la démocratie », puisqu’il livre ses résultats non seulement selon les occurrences des mots de toute requête, mais en tenant compte du nombre de liens qui pointent sur chaque page et de la réputation des sites d’où partent ces liens.

Du point de vue des usages, là encore, le discours de Google se veut très modeste, ou du moins généreux, car au service de chacun. Comme l’affirme l’un des deux fondateurs de la société, Larry Page, si « la stratégie du portail, c’est d’essayer d’être propriétaire de toute l’information, nous sommes quant à nous heureux de vous envoyer sur d’autres sites. En fait, c’est là le but » [3].

Dont acte. Google ne cherche pas à arraisonner puis à posséder ses clients, mais à être l’outil naturel et presque invisible de leurs usages quotidiens. Sauf que sur la publicité, qui est quasiment sa seule source de profit, le discours de Google tend à gommer voire à « civiliser » le puissant appétit des marques. Or ces marques, dont il est désormais le cavalier blanc sur l’immense échiquier du Net, sont les instruments d’actualisation de son imaginaire autant sinon plus qu’un service rendu aux internautes. Google, pour elles, est comme un évangélisateur du Net… Et de la singularité à venir. Il est le grand prêtre d’une religion de l’information, et se donne pour mission de les convaincre de suivre sa croisade numérique.

Chaque jour, plus contextuelle, fine et personnalisée, la publicité se mue ou plutôt se travestit dès lors en information, même lorsqu’elle reste séparée des réponses aux requêtes sur l’écran du moteur de recherche. Elle se transforme peu à peu en berceuse, douce chanson de notre bien-être collectif et individuel. Et elle donne ou donnera ainsi à Google les moyens d’actualiser ses fantasmes de maîtrise de notre nouveau monde informationnel.

Car, sur ce registre, Google ne fait pas exception : comme toute multinationale, il n’avoue guère sa soif de domination, d’ailleurs essentielle à la confiance de ses actionnaires. Mieux vaut, pour ne point choquer ses ouailles, c’est-à-dire les internautes, s’habiller de la soutane du moine protestant, que de l’uniforme vengeur et des superpouvoirs de Superman, cet être venu de la planète Krypton qui sied pourtant bien mieux à son imaginaire.

De fait, l’imaginaire de Google, tel qu’il se révèle au travers de la singularité dont il porte la première université, navigue à des années lumières de tendres intentions ou même d’un usage qui se veut a priori sans contraintes. Et, pas seulement à cause de la publicité toujours plus finaude et adaptée à l’esprit d’Internet. Chez Google, cet imaginaire dantesque, et à peine masqué, se situe au sommet de mon triangle d’analyse, le tirant très loin vers le ciel. Autrement dit : si l’on place la technique et les usages sur la base de mon triangle, celui-ci s’en trouve totalement déséquilibré. Assez proches en théorie l’un de l’autre, la technique et les usages de Google forment une petite base. Car la technologie de l’entreprise se veut, à entendre son discours, réaliste et opérationnelle, à portée de main des internautes selon les oukases dudit Web 2.0.

L’extrémité imaginaire de mon triangle, bien au contraire, s’avère démesurément haute, à l’échelle de l’ambition hallucinante que révèlent à la fois le credo du « bon géant », les interviews fort singulières de ses deux fondateurs et sa proximité sans ambages avec les techno-prophètes du transhumanisme. Bref, la distance entre les usages des internautes et l’imaginaire de Google semble gigantesque à la lueur de ce décryptage, tout comme celle entre sa technique et ce même imaginaire. Cette distorsion est-elle la conséquence d’une croissance trop rapide ? Du hiatus entre le discours affiché et l’ambition de Google, pour les marques autant que pour la planète et son devenir « singulier » ? Mon triangle théorique, qui n’est qu’un outil d’analyse, en devient si distordu qu’il se transforme en une immense (et dangereuse ?) flèche pointant vers le firmament…

Là où Google se présente comme une compagnie cohérente, citoyenne, modeste et responsable car au service de la recherche d’information de tous, elle m’apparaît en réalité comme un mutant high-tech de l’ère de l’information, perforant (sans le savoir ?) le monde d’une sorte de lance virtuelle, plus fine et aiguisée qu’un avion furtif.

La « singularité » ou l’imaginaire démiurgique de Google

Selon le concept de singularité, pour revenir à l’étude de cette pièce majeure de la culture plus ou moins consciente de Google, « ce ne sont pas les ordinateurs qui sont en train de prendre le pouvoir sur les hommes, mais les humains qui sont de plus en plus enclins à devenir comme des machines pensantes » [4]. Mais attention : comme l’explique le philosophe Jean-Michel Besnier dans son livre Demain les posthumains, cette évolution-là n’est pas vécue comme une mauvaise nouvelle par ces gourous que sont Ray Kurzweil, le pionnier du voyage dans l’espace Peter Diamandis ou Vint Cerf, l’un des pères du Word Wide Web qui a annoncé qu’il participerait à la « Singularity University » de l’été 2009.

De fait, la singularité incarne pour ses partisans l’Intelligence à venir, toute de calcul numérique. Et, pour peu qu’on veuille suivre ces brillants cerveaux, cette intelligence pourrait permettre à l’homme de se débarrasser d’ici à une ou deux générations de son enveloppe corporelle, si limitée, au bénéfice d’un corps intégralement machinique ou presque, forcément plus efficient en terme de traitement de l’information.

Histoire de citer l’une des prophéties de Ray Kurzweil (que tous les ingénieurs de la Silicon Valley ne prennent peut-être pas au sérieux, mais qui les fait rêver de lendemains qui chantent en numérique), il nous suffira, pour échapper à l’obsolescence de nos trop humaines artères, d’« uploader » notre cerveau dans une rutilante carcasse de robot

Aussi surprenantes qu’elles puissent paraître aux yeux de la majorité des chercheurs européens, ces anticipations aux airs de rêve ou de cauchemar scientiste viennent de loin. Elles correspondent à l’hypothèse forte de l’intelligence artificielle, soit l’idée qu’il n’y aurait pas de différence de nature entre une « vraie » conscience et une machine simulant une conscience. L’intelligence artificielle, IA de son petit nom, est née officiellement à l’été 1956, lors de conférences pluridisciplinaires sur le campus du Dartmouth Collège dans le New Hampshire, au nord-est des Etats-Unis. Certains, d’ailleurs, datent de ce symposium la naissance des sciences cognitives, au territoire qui est lui-même un « remix » des neurosciences, de la psychologie, de la linguistique, de l’anthropologie et de la science informatique sous le patronage plus ou moins avéré de l’intelligence artificielle. Il y a, c’est une évidence, comme un air de famille entre ces journées de l’été 1956 où se sont croisés Noam Chomsky et Marvin Minsky, et la « Singularity University » de l’été 2009. Plus d’un demi-siècle plus tard, le must des étudiants, scientifiques, penseurs, ingénieurs et futurologues américains orchestreront cette fois le mariage, plus transdisciplinaire encore, des sciences de l’information, des sciences cognitives, des nanotechnologies, des biotechnologies (carré miracle autrement appelé « NBIC » pour Nano, Bio, Info et Cognition), mais aussi du droit ou de la médecine la plus high-tech.

Avec un enjeu tout sauf diabolique selon le credo de Google, mais à peine moins démesuré que la fabrication d’une conscience artificielle : « combler le fossé entre la compréhension et l’application » des technologies les plus en pointe de notre temps, et trouver ainsi des « solutions à la crise énergétique, à la pauvreté, à la faim ou encore aux pandémies » [5].

Bienvenue dans l’ère post-PC

Le développement de Google a dépassé depuis bien longtemps la perspective des seuls PC de la planète connectée. Sans ambiguïté aucune, l’horizon de Google est celui de l’Internet « everyware ». Soit un mot-valise (« everywhere + hardware / software ») inventé par Adam Greenfield, qui se définit comme un architecte de l’information, afin de caractériser l’ère de l’informatique ubiquitaire, partout présente car n’ayant plus besoin d’ordinateurs [6].

Dans ce monde, qui devient peu à peu le nôtre, tous les objets, lieux et corps constituent les composants d’une technologie devenue invisible. Imaginez. Le caddie de supermarché, la porte du bureau, la table du salon, le fauteuil du train, l’automobile, l’atelier, la borne Vélib’, l’enseigne de la boîte de nuit, la salle de classe, le dentier du grand-père ; le plus insignifiant instrument de cuisine se transforme en outils « intelligents ». Ils communiquent entre eux ou avec nous par la grâce d’un Internet « pervasif », omniprésent au quotidien dans un bain d’intelligence ambiante comme aujourd’hui l’électricité est accessible de partout dans notre vie sans même que nous y pensions. Les puces, pour nous faire atteindre ce nirvana de l’invisibilité et de l’ubiquité technologique, s’extirpent de leurs boîtiers. Les capteurs d’informations se nichent dans les plus infimes recoins, du panneau publicitaire au réfrigérateur, de la table du restaurant au col de chemise, du collier du chien à la peau de notre dos ou de notre bras. Et les nanopuces RFID (Radio Frequency IDentification), de reconnaissance vocale ou biométriques, d’identifier les personnes, les gestes, les objets, etc., le tout pour notre confort et de notre plein gré, bien évidemment.

Cet univers « post-PC », où les technologies du numérique s’immiscent dans le moindre de nos gestes quotidiens, se construit ici et maintenant. Et Google est l’un des acteurs majeurs de cette lente et discrète révolution, qui aiguise les féroces appétits des acteurs de la planète numérique, Internet se dissolvant dans un monde intégralement connecté.

En 2007 et 2008, dans le monde des télécoms, une rumeur courait comme quoi se concevait dans l’ombre de Mountain View un « Google Phone ». L’ogre souriant a été plus malin. Il a créé un « Operating System », non pas fermé comme le Mac OS d’Apple ou le Windows de Microsoft, mais « ouvert », et potentiellement adaptable à une ribambelle d’appareils et autres futures prothèses techniques de l’humanité. Fidèle en cela à la philosophie économique fort innovante de la compagnie [7], cet OS est proposé en open-source, donc sans exclusivité, à tous les fabricants de terminaux mobiles et leurs développeurs, afin qu’ils magouillent eux-mêmes leurs propres produits à partir du socle des services du moteur de recherche. Son nom, ce n’est pas tout à fait un hasard, est Android. Soit, pour l’anecdote, le patronyme de la start-up spécialisée dans le développement de logiciels pour terminaux mobiles que Google a racheté en août 2005, comme il s’est offert, avec mille fois moins de discrétion et pour une somme toute autre, le site de partage de vidéos YouTube en octobre 2006. Ou comme un bruit persistant veut qu’il tente aujourd’hui de se payer Twitter, nouvelle coqueluche du « micro-blogging » : des micro-messages de 140 caractères, circulant par tous les types de terminaux en rafales de témoignage en temps dit réel, et que s’envoient déjà, de par le monde, des millions et sans doute bientôt des dizaines de millions d’utilisateurs [8] …

> Article initialement publié sur Multitudes

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Crédits Photo CC Flickr : Ruth HB.

Re-daté pour raisons techniques, cet article a été originellement publié le 15 février 2010.

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La machine ultime http://owni.fr/2010/01/08/la-machine-ultime/ http://owni.fr/2010/01/08/la-machine-ultime/#comments Fri, 08 Jan 2010 07:20:20 +0000 Admin http://owni.fr/?p=6793 Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Der Mensch als Industriepalast http://owni.fr/2009/11/04/der-mensch-als-industriepalast/ http://owni.fr/2009/11/04/der-mensch-als-industriepalast/#comments Wed, 04 Nov 2009 07:40:21 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=5137 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une vidéo qui nous vient d’outre-Rhin, pour changer un peu. Elle consiste en l’animation d’un tableau de Fritz Kahn datant de 1926. Ce dernier représente les processus à l’œuvre dans le corps humain comme une métaphore de la vie industrielle.

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